Bibliography, criminal law of Egypt; bibliographie, droit pénal de l'Égypte
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last  amendment : 7 December 2011

by © François Lareau, 2001-, Ottawa, Ontario, Canada
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Egypt (Modern) / Égypte (contemporaine)

see also/voir aussi:
Ancient Egypt -- Égypte antique
 

ABDELGAWAD, Walid, "Droit égyptien", dans Antonio Cassese et Mireille Delmas-Marty, Juridictions nationales et crimes internationaux, Paris : Presses universitaires de France, 2002, vi, 673 p., aux pp. 367-398, ISBN: 2130526926; copie à la Bibliothèque de l'Université d'Ottawa,  FTX General, K 5036 .C37 2002;
 

AHMED, Hassan Abdel Kriem,  La suspension conditionnelle de l'exécution de la peine [Texte imprimé] : étude théorique, critique et comparative en droit européen et égyptien, Thèse Docteur de l'Université: Droit privé : Paris 2 : 2002, 2 volumes (512 feuilles),  Thèse : 2002PA020004,  thèse sous la direction de Robert, Jacques-Henri, 1940-;


AKIDA,  M., "Criminal Law" in Nathalie Bernard-Maugiron and Baudouin Dupret, eds., Egypt and Its Laws, London: Kluwer International, 2002;
 

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AL-SHAWI, Tawfiq Muhammad, Théorie générale des perquisitions, en droit pénal français et égyptien ..., Le Caire, 1950,  xiii, 178 p., thèse Université de Paris;
 

Les Aspects sociaux du nouveau projet du code pénal de la République Arabe Unie : Conférence donnée au Centre des études judiciaires à Paris le 10 Octobre 1966, [Paris] : Ambassade de la République arabe unie, Bureau culturel, 43 p.; information provenant du  Catalogue Abes ; note: la République Arabe Unie est un État consistué de  l'Égypte et de la Syrie de 1958-1961;
 

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BEHNAM, Ramsès, "Le droit égyptien", (1992) 63(1-2) Revue internationale de droit pénal / International Review of Criminal Law 163-167; note: La preuve en procédure pénale comparée -- Actes du Séminaire International tenu à l'Institut Supérieur International de Sciences Criminelles Syracuse (Italie), 20-25 janvier 1992/ Evidence in Comparative Criminal Procedure --Acts of the International Seminar held at the International Institute of Higher Studies in Criminal Sciences, Siracusa (Italy), 20-25 January 1992;
 

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CHERON, Albert, Nouveau Code pénal égyptien annoté : doctrine, jurisprudence, droit comparé, Le Caire : F.E. Noury, 1939-;


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EL-CHERIF,  Hamed, Théorie de la légitime défense; étude comparée de droit français  et de droit égyptien, Thèse, Université de Paris, 1922, 75, [4] p.; titre noté dans ma recherche mais thèse pas encore consultée (11 janvier 2002);
 

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FARAG, Michel, L'infraction contre la vie ante-natale : étude comparée des droits pénaux français et égyptien, thèse de doctorat (nouveau doctorat), sciences criminelles 2, Paris 2, 1990, 531 p.; résumé au catalogue Abes,  http://corail.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=3/TTL=2/SHW?FRST=1;
 

GOADBY, Frederic Maurice, Goadby, Frederic Maurice, Commentary on Egyptian criminal law, Part I, Cairo: Government press, 1914,  xvi, 556 p.; notes: At head of title: Ministry of justice, Egypt.; "This book is the outcome of lectures ... delivered by me at the Khedivial law school during the years 1907-1913".--Pref.; No more published of this edition; copy at Harvard;
 

___________Commentary on Egyptian criminal law and the related criminal law of Palestine, Cyprus, and Iraq, Cairo : Government press, 1924-25, 3 volumes; notes: At head of title: Ministry of justice, Egypt.; "This book is in part a revised edition of an earlier work and in part new. In 1914 I published the first part of a Commentary on Egyptian criminal law. The work was, however, not completed ... The copies of this first part having now been exhausted, the Egyptian government has been good enough to arrange for the publication of a new and complete edition." -- Pref.; copy at Harvard University;
 

GRANDMOULIN, J., Le droit pénal égyptien indigène, Le Caire: Imprimerie Nationale, 1908, 2 v.,  25 cm., Note: "At head of title: Ministère de l'instruction publique. Founded on a course of lectures delivered before the Ecole khédiviale de droit, 1905-06.  "Bibliographie sommaire du droit criminel indigène": v. 1, p. [vii]-xi; catalogue information from the NY Public Library;
 

HAFEZ, Nagwa, "Egypt" in Donald J. Shoemaker, ed., International Handbook on Juvenile Justice, Westport (Connecticut): Greenwood Press, 1996, xv, 327 p., at pp. 80-89, ISBN: 031328895X; copy at Ottawa University, MRT General, HV 9069 .I665 1996;
 

HAMOUDA, Mohamed, 1963-, Droit de la drogue en France et en Égypte: étude comparée, Thèse doctorat : Droit privé: Paris 1 : 2004, 773 p.; directeur de thèse: Morand-Deviller, Jacqueline, 1938-; Num. national de thèse : 2004PA010255; résumé au catalogue Abes, système universitaire de documentation, http://www.sudoc.abes.fr/;
 

HILL, Enid, Mahkama! : studies in the Egyptian legal system : courts & crimes, law & society, London : Ithaca Press, 1979, [5], ix, 197 p., ISBN: 0903729431;
 

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IBRAHIM, Omar, Essai sur la place de la capacité pénale en droit français et en droit égyptien, thèse de doctorat d'État, droit pénal, Lyon 3, 1981; dir. de thèse: André Vrinard;
 

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IBRAHIM, White, La police judiciaire en Egypte : étude de droit criminel comparé, Thèse, Droit, Université de Paris, 1927;
 

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JurisPedia, "Criminal Law", available at  http://en.jurispedia.org/index.php/Criminal_law_%28eg%29 (accessed on 17 December 2006);
 

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KHALIFA, Ahmed F. and Tarek Zaghloul, "Le système pénitentiaire égyptien", dans, sous la direction de, Jean-Paul Céré et Carlos Eduardo A. Japiassu, Les systèmes pénitentiaires dans le monde, 2e édition, Paris: Dalloz, 2011, vi,  400 p.,  aux pp. 107-122, ISBN: 978-247-101382; copie à l'Université d'Ottawa, Bibliothèque Fauteux, K5524 .S97 2011;
 

LE GENTIL, Constant, Origines du droit; essai historique sur les preuves sous les législations juive, égyptienne, indienne, grecques et romaine, avec quelques notes touchant les lois barbares et le vieux droit français, Paris, A. Durand, 1863, xv, 420 p.; disponible à http://books.google.com/books?vid=HARVARD32044097778260&printsec=titlepage#PPP5,M1 et http://books.google.com/books?id=F2cMAAAAYAAJ&source=gbs_summary_s&cad=0 (vérifiés le 14 juin 2008);


MAHMOUD, W., "Civil and Criminal Justice" in Nathalie Bernard-Maugiron and Baudouin Dupret, eds., Egypt and Its Laws, London: Kluwer International, 2002, at pp. 136-180;


McILWRAITH, "Criminal Law Reform in Egypt", (1922) 4 Journal of Comparative Legislation and International Law 229;

MOHSEN, S.K., "Women and criminal justice in Egypt" in D.H. Dwyer, ed., Law and Islam in the Middle East, New York: Bergin and Garvey Publishers, 1990, at pp. 15-34;
 

MORSI, Wazir Abdelazim, "Égypte: Rapport national", (1983) 54(1-2) Revue internationale de droit pénal / International Review of Penal Law 179-213 (Actes du Colloque International, "Conception et principes du droit pénal économique et des affaires y compris la protection du consommateur", tenu à Freiburg-en-Brisgau, République Fédérale d'Allemagne, 20-23 septembre 1982, en préparation pour le  13e Congrès international de droit pénal de l'Association internationale de droit pénal (AIDP) au Caire en 1984 /  Report of the Proceedings of the International Colloquium, "Concept and Principles of Economic and Business Criminal Law",  held in Freiburg i. Br., Federal Republic of Germany, September 20-23, 1983, in preparation for the 13th International Congress of Penal Law of the International Association of Penal Law (IAPL) in Crairo, 1984);
 

MOSTAFA, Mahmoud M., L'évolution de la procédure pénale en Égypte et dans les pays arabes, Paris, Presses universitaires de France, 1973, 117 p. (Collection; Travaux et de l'Université de droit, d'économie et de sciences sociales de Paris. Série Droit comparé, 2); copie à l'Université d'Ottawa, FTX General, KRM 4610 .M87 1973;
 

___________Principes de droit pénal des pays arabes, Préface de Marc Ancel, Paris: Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1972,  iii, 190 p. (collection; Les grands systemes de droit pénal contemporains; vol. 5); copie à l'Université d'Ottawa, FTX General;

"Le Code égyptien actuel

Le Code pénal fut entièrement remanié en 1904.  Cette fois-ci il n'a pas voulu s'inspirer du Code français.  Les autorités législatives en ce temps-là étaient britanniques.  Aussi ont-elles eu recours aux législations des Indes, du Soudan, de la Belgique et de l'Italie.

Le traité de Montreux du 8 mai 1937 a édicté l'abolition des capitulations étrangères et ainsi l'Egypte a repris la souveraineté législative dans toute sa plénitude.  De même, la compétence pénale des tribunaux consulaires fut abolie.  On a estimé, à cette occasion, devoir élaborer un nouveau Code pénal dont les dispositions seraient applicables à tous les résidents en Egypte.  De fait, ce Code fut promulgué sub no 58 de 1937 et mis en vigueur à partir du 15 octobre 1937.  C'est le code actuellement en vigueur." (p. 16)


___________"Les rapports entre l'organisation judiciaire et la procédure pénale en Égypte", (1989) 60(3-4) Revue internationale de droit pénal / International Review of Penal Law 1027-1049; note: Colloque préparatoire, on Question III, "Les rapports entre l'organisation judiciaire et la procédure pénale", pour le XIVe Congrès de l'Association internationale de droit pénal; Preparatory Colloquium, Question III, "The relations between the organization of the judiciary and criminal procedure" for the XIVth Congress of the International Association of Penal Law;


MOUSSA, Ahmed, Les droits de l'homme détenu: étude comparative des droits français et égyptien, thèse, Panthéon-Assas, Paris II, 2002;
 

MOUSTAFA, Mohamed Omar, L'auteur de l'infraction: Étude comparée de droit français, égyptien, italien et essai d'une théorie générale, thèse de droit, Paris, 1958, 531 p.; titre de thèse noté dans ma recherche mais thèse pas encore consultée (11 janvier 2002);
 

National review of criminal science, periodical, Arabic and English, 1958-; in English, <1987-;


Note explicative sur le Code pénal et le Code d'instruction criminelle, promulgués par decrets du 14 avril 1904, accompagnant les textes soumis au Conseil des ministres, Le Caire, Imprimerie nationale, 1904, 188 p.; disponible à http://www.archive.org/details/noteexplicative00egypgoog (vérifié le 21 avril 2009);
 

Nouveau Code pénal égyptien annoté, doctrine, jurisprudence, droit comparé, Le Caire, Impr. F. E. Noury, 1939-; copie à US Library of Congress;
 

OBEID, Imad, Les atteintes volontaires à l'intégrité corporelle d'autrui : étude de droit comparé : français, syrien et égyptien,  Th. nouv. rég. : Droit pénal spécial : Poitiers : 1990, 412 f.;


PARADELLE, Muriel, "The notion of 'Person' between Law and Practice : A Study of the Principles of Personal Responsability and the Personal Nature of Punishment in Egyptian Criminal Law", dans Baudouin Dupret, ed., Standing Trial. Law and the Person in the Modern Middle East, London, New York, I.B. Tauris, 2004, at pp. 319-349;

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Penal Code (English translation as amended), 2005-05, 
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PERCIVAL, John, "Egyptian criminal procedure comparatively treated", (1930) 3 Police Journal 30-39; note: London periodical;
 

PETERS, Rudolph, "Islamic and secular criminal law in nienteenth century Egypt: The Role and function of qadi", (1997) 4(1) Islamic Law and Society 70-90;
 

Projet de code d'instruction criminelle, Alexandrie, 1871, 39 p.;
 

"Quelques aspects de l'organisation des services de défense sociale dans certains pays arabes", (numéro 19, juin 1962) Revue internationale de politique criminelle 55 (Irak, Jordanie, Maroc, Soudan, R.A.U.);
 

RAMADAN, Medhat, La séparation entre la fonction de poursuite et les fonctions d'instruction et de jugement en matière pénale: étude comparée franco-égyptienne, thèse de doctorat d'État, droit pénal, Nice, 1985; directeur de thèse: Pierre Jullien; 

 

REZA, Sadiq, "Egypt" in Craig M. Bradley, ed., Criminal Procedure: A Worlwide Study, 2md ed., Durham: Carolina Academic Press, 2007, at pp. 107-147;


___________"Egypt: Criminal Law" in  Handbook of Comparative Criminal Law, Stanford University Press, 2011, available at http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1854895  (accessed on 26 June 2011); now published as "Egypt" in Kevin Jon Heller and Markus D. Dubber, eds., The Handbook of Comparative Criminal Law, Stanford: Stanford University Press, 2011, vi, 660 p., at pp. 179-208, ISBN: 978-0-8047-5758-4;

SALEM, Omar, Le résultat de l'infraction : étude comparée, droit français, égyptien et musulman,  Thèse, Droit pénal : Paris 12 : 1990, 440 f.; publication: Lille : Atelier national reprod. th. Univ. Lille 3, 2 microfiches de 420 images ; 105 x 148 mm; notes: Microéd. du texte dactylogr., ISSN 0294-1767, 440 f.;
 

SHAMS, Riad R., La liberté individuelle dans la législation pénale égyptienne; ses garanties, talles qu'elles sont, telles qu'elles doivent être, [Le Caire] F. E. Noury & fils, [1934], 1 p.l., vi, 253 p.;
 

SOROUR, Dr. Ahmed Fathy, "Egypte 1.  La protection de l'environnement en droit pénal égyptien", (1994) 65 Revue internationale de droit pénal 865-870;  note: Colloque préparatoire, section 1, Les atteintes à l'environnement, problèmes de droit pénal général, Ottawa (Canada), 2-6 novembre 1992;
 

SOROUR, Tarek, La responsabilité pénale en matière de presse: étude comparative des droits français et égyptien, thèse, Paris 2, 1995, 540 p.;
 

VAN DEN BERG, L.W.C., "Empire Ottoman.  2. Le droit pénal de la Turquie", dans Franz von Liszt et l'Association internationale de droit pénal,  [sous la direction de], La législation pénale comparée, 1er volume: Le droit criminel des États européens,  Berlin: Otto Liebmann, Paris: Pedone; Rome: Loescher et Lisbonne: Ferin, 1894, xxvi, 706 p., aux pp. 599-629 et voir "Le droit pénal de l'Égypte" aux pp. 622-629; un seul volume a été publié; livre rare; copie à l'Université d'Ottawa; disponible à ma bibliothèque digitale sur le droit pénal comparé, sous Liszt, à http://www.lareau-law.ca/DigitalLibraryTwo.html;

"[p. 622] III.  Le droit pénal de l'Égypte.

1.  § 8.  Développement du droit jusqu'en 1883

L'Égypte mérite une mention spéciale.  Annexé en 1517 à l'Empire ottoman, ce pays devenait bientôt une espèce de république aristocratique et militaire gouvernée par les Beys ou chefs des Mameluks,4) et dont la dépendance de la Sublime Porte ne consistait en réalité que dans le payement d'un tribut.  Après l'occupation française Mahomet Alî parvint à s'emparer du pouvoir, et finit par se faire reconnaître comme Khédive5) ou Vice-Roi héréditaire
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[...]
4) En arabe mamlouk, litt. 'esclave'.
5) En turc khidîw.
 

[p. 623] de l'Égypte par le Sultan dans un Khatti-Charîf ou Déclaration impériale du 13 février 1841.  Depuis lors l'Égypte jouit d'une autonomie presque complète dans ses affaires intérieures, moyennant un tribut annuel; ce n'est que dans les cas exceptionnels, comme la contractation d'emprunts, que l'autorisation du Sultan est requise, et celui-ci jouit, en outre, de quelques prérogatives, pour la plupart honorifiques.1)  C'était encore Mahomet Alî qui inaugura en Égypte l'ère des réformes, et même aucune partie de l'Empire ottoman n'a subi dans une égale mesure l'influence européenne.  Les conséquences de ce fait se sont montrées aussi dans la législation.

Dans le premier quart du siècle, le droit pénal de l'Égypte était encore à peu près le même que partout ailleurs dans l'Empire ottoman, savoir la charî'ah en principe, mais l'arbitraire et la prévarication en réalité.2)  Il est à noter que la charî'ah appliquée en Égypte était celle du rite des Hanafites, quoique la grande majorité de la population y professe le rite des Châfi'ites.  Pour vieiller à l'observation du rite dominant, chaque année un Cadi était envoyé de Constantinople comme délégué du Sultan.  Après un séjour d'un an, le Cadi se mettait à la tête de la caravane des pèlerins et partait pour la Mecque.  Le poste de Cadi turc au Caire était presque une sinécure, la plupart des cas étant jugés par son Nâïb ou suppléant, par les Mahkamah ou tribunaux du Vice-Roi et par les Cadis de celui-ci dans les communautés rurales.  En opposition formelle avec la charî'ah le Cadi ne savait ordinairement pas l'arabe, et se bornait à remplir ses proches aux dépens des justiciables.3)  L'envoi annuel d'un Cadi de Constantinople s'est perpétué jusqu'en 1875.

Pour être arbitraire lui-même, Mahomet Alî n'en réprimait pas moins les abus de ses subordonnés;  il fit régner en Égypte une sécurité pour les personnes et pour les biens, de beaucoup supérieure à ce qu'on observait à cet égard dans les autres provinces de l'Empire ottoman.  Le fait qu'il s'entourait d'Européens énergiques, quoique certainement pas tous intègres, qu'il s'efforçait d'attirer en Égypte non seulement des capitaux, mais encore des industrielsdes négociants et des fonctionnaires français et anglais, suffisait à lui seul pour rendre impossible le maintien des dispositions de la charî'ah relatives à l'infériorité sociale et politique des infidèles et à plus forte raison la peine édictée contre l'apostasie des Musulmans.4)  Encore il ne faut pas oublier que la dérogation à la charî'ah était plus facile pour le Vice-Roi, à qui le Sultan n'avait accordé l'indépendance presque complète qu'à son corps défendant, que pour celui-ci qui se considérait à tort ou à raison comme le chef suprême de tous les Croyants.  Toujours est-il qu'en 1839, lorsque Mahomet Alî reçut l'ordre de promulger le Khatti-Charîf de Gul-Khânah, il pouvait répondre que les principes de ce document étaient déjà appliqués par lui depuis des années, et que l'égalité devant la loi et la sécurité de la propriété privée étaient reconnues partout dans son pays.5)  Aussi le Règlement pénal turc de 18406) n'a jamais été en vigueur en Égypte, le Vice-Roi refusant de
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1) Voir von Kremer, Ägypten, Leipzig 1863, t. II, p. 2; Borelli-Bey et Ruelens, La législation égyptienne annotée (Bruxelles, Paris, Caire 1892), t. I, p. VII sq. et XV;  t. II (Leipzig 1865), p. 252 sq.  Le Khatti-Charîf du 13 février 1841, de même que les documents relatifs à la situation de l'Égypte envers l'Empire ottoman, se trouvent dans le t. II de l'ouvrage d'Aristarchi-Bey, p. 133 sq. et dans l'Annuaire 1880, p. 620.
2) Voir Lane, The modern Egyptians, 5e édition, Londres 1860, p. 104 sq., 110 sq., 120.
3) Voir von Kremer, op. cit., t. II, p. 74; Lane, op. cit., p. 96, 112sq.
4) Voir von Kremer, op. cit., t. II, p. 52, 81; Lane, op. cit., p. 108.
5)Voir Petermann et Ramis Effendi, op. cit., p. XLIV.
6) Voir plus haut p. 607.
 

[p. 624] le faire promulguer et spécialement de se résigner à la revision des condamnations à mort par le Chaikh al-Islâm à Constantinople et même à l'approbation définitive de ces condamnations par le Sultan.  C'était à ses yeux une innovation incompatible avec l'autonomie de l'Égypte, voire avec la coutume établie depuis des siècles.  L'affaire se termina par une transaction; le Sultan accorda au Vice-Roi le droit d'approuver les condamnations à mort pour un terme de sept ans, et depuis, la situation est restée au statu quo.1)  Ce différend terminé, le Vice-Roi promulgua le 24 janvier 1855 un Code pénal pour ses sujets, qui, tout en ne rompant pas entièrement avec la charî'ah, s'en écartait pourtant beaucoup plus que le Règlement pénal turc de 1840.

Le C. p. égyptien de 1855 est divisé en cinq titres, et chaque titre en plusieurs paragraphes.  On y trouve non seulement des dispositions pénales, mais encore des prescriptions de discipline pour les fonctionnaires, et même des principes de droit civil, le tout sans système et dans un désordre assez naïf.  Des crimes qui en Europe sont considérés comme de la plus haute gravité, par exemple la fausse monnaie, le faux en écritures publiques, la corruption et l'abus d'autorité, se punissent tout au plus d'un emprisonnement rigoureux, il est vrai, mais relativement de peu de durée.  Les principes généraux de droit pénal n'y sont pas codifiés et, par conséquent, la mesure de la peine est abandonnée entièrement au bon plaisir des magistrats, qui ne sont limités qu'à un maximum et un minimum.  En cas d'homicide prémédité, les héritiers de la victime conservent le droit de rémission que leur donne la charî'ah, et, s'ils en veulent user, l'assassin est libéré par le payement du prix du sang.  Seulement, si l'homicide prémédité a été commis par des brigands, il entraîne les travaux forcés à temps, en cas de la part des héritiers de la victime.2)

2.  § 9.  Le Code pénal pour les indigènes de 1883

Le C. p. ottoman de 1858 n'a pas été introduit en Égypte, mais en 1871 le gouvernement de Khédive fit élaborer un projet de Code pénal qui, tout en suivant l'ordannce du C. p. ottoman, se rapprochait beaucoup plus du C. p. français.  Pour ne citer que quelques exemples, on trouve dans le projet des articles relatifs à la tentative, à la complicité et aux circonstances atténuantes; la corruption n'est pas punissable à moins qu'il ne s'agisse d'un fonctionnaire, etc.3)  C'est ce projet qui est devenu la base du C.p. pour les tribunaux mixtes, dont nous allons nous occuper plus loin, et du C. p. pour les tribunaux et juges indigènes de 1883,4) dont nous allons donner un aperçu, en indiquant les principales différences avec les Codes français et ottoman.

L'ordonnance est la même que celle du C. p. ottoman.  Le Code égyptien en est, pour ainsi dire, une édition revue et corrigée. [...]
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1) Voir von Kremer, op. cit., t. II, p. 53, 54 et 68 et Lane, op. cit., p. 110
2) Une analyse détaillée du Code pénal en question se trouve dans l'ouvrage cité de von Kremer, t. II, p. 54 sq.
3) Le projet de C. p. a été publié en français à Alexandrie en 1871,
4) Les deux codes se trouvent traduits en français dans l'ouvrage cité de Borelli-Roy et Ruelens et dans le Bulletin des lois et décrets.

[...]

[p. 628]  4o  § 11.   Le droit pénal pour les tribunaux mixtes.

Je viens de parler plus haut d'un C. p. pour les Tribunaux Mixtes.  Ceci exige quelques explications.

Comme dans les autres parties de l'Empire ottoman les Européens en Égypte jouissent du bénéfice de l'exterritorialité en vertu des capitulations.4)  Les abus résultant du fait que les consuls pouvaient encore prendre sous leur protection des personnes qui de droit étaient des indigènes, y existaient comme ailleurs dans le Levant.5)  Seulement la situation en Égypte donnait lieu à des
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[...]
4) Voir vpn Kremer, op. cit., t. II, p. 100; Borelli-Bey Ruelens, op. cit., t. I, p. X; Lawrence, op. cit., p. 182 sq.; Du Moiron, op. cit., p. 52 sq.
5) Voir von Kremer, op. cit., t. II, p. 101; Borelli-Bey et Ruelens, op. cit., t. I, p. XIX; L'Égypte et l'Europe par un ancien Juge Mixte, t. I (leide 1882), p. 121 sq.
 

[p. 629] inconvénients particulièrement graves, vu l'augmentation exceptionnelle du nombre des résidents étrangers et des protégés depuis le règne de Mahomet Alî, et l'importance des intérêts commerciaux.  L'Égypte est devenue la terre promise des débiteurs réfractaires, qui, par la variété des juridictions et la facilité de passer d'une juridiction à une autre, y pouvaient mieux que partout ailleurs se soustraire à leurs engagements et braver les saisies et les prises de corps dirigées contre eux par leurs juges naturels.  Depuis longtemps tout le monde était d'accord que cet état de choses ne pouvait continuer, mais ce ne fut qu'en 1875, après des négociations diplomatiques laborieuses qu'on pu aboutir à une réforme efficace.  Les étrangers et les protégés furent alors soumis en matière civile et commerciale, voire dans leurs rapports avec les indigènes, à des tribunaux composés d'indigènes et d'Européens, appartenant aux différentes nations intéressées.  Ces tribunaux s'appellent les Tribunaux Mixtes.  Un Code civil, un Code de commerce, un Code de commerce maritime et un Code de procédure civile et commerciale, tous basés sur les Codes français furent promulgués en même temps.1)  Les négociations pour déférer à ces Tribunaux Mixtes, la juridiction pénale n'ont pas abouti à un résultat analogue.  Seulement on est convenu qu'ils pourront prendre connaissance des contraventions de simple police commises par les Non-Ottomans, des crimes et délits commis contre les magistrats, jurés et officiers de police dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions, des crimes et délits commis directement contre l'exécution des sentences et des mandats de justice, et des crimes et délits imputés aux juges, jurés et officiers de justice, commis dans l'exercice ou par suite d'un abus de leurs fonctions.2)  Un C. p. et un Code d'instruction criminelle ont été annexés aux Codes civils et commerciaux mixtes; ils existent donc virtuellement, mais il y est dérogé précisément pour les crimes et délits à raison desquels les Tribunaux Mixtes sont compétents.  Or, ces crimes et délits, très rares à ce qu'il paraît, se punissent d'après un Tableau des peines relevé du C. p. égyptien et applicable aux crimes et délits de la compétence mixte.3)  En effet la Cour d'Assises n'a été réunie que deux fois, le jury n'a été constitué qu'une seule fois, il n'existe auprès des Tribunaux Mixtes aucune police judiciaire, et aucune prison n'a été mise à leur disposition.4)  Les peines sont subies dans les prisons consulaires, et en cas de condamnation à la peine capitale les représentants des puissances ont la faculté de réclamer leurs administrés.5)

Dans ces circonstances il me semble inutile de donner ici l'analyse du C.p. mixte, qui n'existe que sur le papier, et qui au reste ne diffère que très peu du C. p. indigène.  A supposer que plus tard la juridiction mixte obtienne son plein développement en matière pénale, le code actuel devra en tous cas subir une revision attentive.
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1) Voir Lawrence, op. cit., t. IV, p. 182 sq.; Borelli-Bey et Ruelens, op. cit., t. I, p. XXXI sq. et XXVII sq.
2) Voir Règlement d'organisation judiciaire Titre II, art. 6 sq.; Borelli-Bey et Ruelens, op. cit., t. I, p. 17.
3) Berelli-Bey et Ruelens, op. cit., t. I, p. CVI sq.  Voir aussi Procès-verbaux et Rapport de la Commission des Délégués de LL. EE. MM. les Représentants des Puissances près la Sublime Porte, instituée pour l'examen des propositions du Gouvernement égyptien relatives à la Réforme judiaire en matière pénale.  Constantinople 1873.
4) Berelli-Bey et Ruelens, op. cit., p. XXIII.
5) Règlement d'organisation judiciaire, Titre II, art. 36-38; Borelli-Bey et Ruelens, t. I, p. 21"


VROONEN, Eugène, avec la collaboration de Rizkallah Mezhe, Traité pratique de droit pénal et d'instruction criminelle, Alexandrie : Libraire du bon livre Ibrahimieh, 1929, xvi, 385 p.;
 

WAZIR, Abdel-Azim, "Les mouvements de réforme de la procédure pénale et la protection des droits de l'homme en Égypte", (1993) 64(3-4) Revue internationale de droit pénal / International Review of Penal Law 1027-1049; note: "Movements to Reform Criminal procedure and to Protect Human Rights", International Association of Penal Law preparatory Colloquium to the 15th International Congress, Section III; "Les mouvements de réforme de la procédure pénale et la protection des droits de l'homme", Colloque préparatoire de l'Association internationale de droit pénal, Section III, au XVe Congrès international;
 

ZALKIND, Paola, 1981- and Rita James Simon, Global perspectives on social issues : juvenile justice systems, Lanham, Md. : Lexington Books, c2004, vii, 197 p., see "Egypt" at pp. 99-103 and 113-114, ISBN: 0739107305; copy at Ottawa University, MRT General: HV 9069 .Z35 2004;
 
 

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